Solutions Linux : « un autre monde est possible », selon François Bayrou [podcast]
Le candidat UDF a arpenté, ce 31 janvier, les allées du salon Solutions Linux. L'occasion pour lui d'affirmer qu'il soutient les logiciels libres, à défaut de les utiliser. Argumentaire à lire, mais aussi à écouter.
Si les allées du salon Solutions Linux rassemblent encore quelques geeks chevelus et passionnés, la grand messe du Libre voit ses frontières dépasser largement le seul monde des amateurs acharnés pour toucher un public bien plus large. Signe de cette normalisation : les personnalités politiques s'emparent du sujet, allant jusqu'à en faire un thème de campagne. François Bayrou, prétendant à la Présidence de la République, a ainsi visité le salon ce 31 janvier et s'est confié au mondeinformatique.fr.
Le président de l'UDF indique qu'il défend depuis longtemps le logiciel libre qui représente, à ses yeux, un modèle de développement original et intéressant pour le 21e siècle. En permettant à chacun d'être à égalité devant la source et de connaître la racine et les applications qu'il développe, le Libre donne l'opportunité, selon François Bayrou, d'être maître de son destin. Le candidat souligne particulièrement l'aspect collaboratif et non exclusivement mercantile des logiciels libres, et rapproche ce mode de fonctionnement des wikis : « des être humains qui se mettent ensemble pour développer un univers dans lequel les bases sont non marchandes : un autre monde est possible ». Pas de révolution en vue cependant : François Bayrou n'a pas rallié la gauche anti-libérale ni ne remet en cause l'économie de marché. « Cela ne signifie pas que dans ce monde il n'y a plus d'économie - vous voyez bien le nombre d'entreprises qui sont développées autour de l'Open Source - mais qu'on peut imaginer des modèles de développement non exclusivement économiques ».
Pour soutenir le Libre, le candidat centriste estime que l'Etat doit en soutenir l'usage par l'Administration : « beaucoup d'administrations utilisent le logiciel libre, à commencer par le ministère de la Défense (...). Sans obliger les administrations, on peut voir d'un bon oeil le développement du Libre car c'est une garantie d'indépendance ». Si François Bayrou se fait le héraut des formats ouverts, il avoue toutefois qu'il n'en fait pas usage : « je n'utilise pas encore les logiciels libres comme il faut. C'est des univers que sans cesse on me recommande. J'ai Firefox sur mon ordinateur, il est chargé mais je ne l'utilise pas encore ». Soucieux de contrebalancer ses carences, il rappelle aussitôt qu'il est monté à la tribune de l'Assemblée, lors de l'examen de la loi DADVSI, pour « défendre le Libre contre tous ceux qui voulaient lui faire un mauvais sort ».
Les internautes invités à s'occuper des additions et des soustractions
Le militant du Libre repasse alors ses habits de candidat et égratigne au passage Nicolas Sarkozy. Le président de l'UMP a promis qu'il organisera un débat pour faire le bilan de la DADVSI, un an après son adoption. « Seuls sont crédibles ceux qui sont montés à la tribune pendant la loi pour exprimer la défense du logiciel libre, lui rétorque François Bayrou, je l'ai fait en pensant que c'était un très grand enjeu et je continuerai ». Il ne dit cependant pas ce qu'il adviendra du texte s'il est élu : « il faudra reprendre la loi en y réfléchissant. Ce qui est inquiétant, c'est l'aide qu'elle apporte à ceux qui veulent contrôler toute la chaîne depuis le hard jusqu'au soft ».
Toujours sur le front de la campagne, le candidat UDF a couvert le Web de dithyrambes, « un univers très important car il permet de faire passer des messages en dehors des médias officiels, en contre-poids des médias dominants », égratignant au passage une nouvelle fois les chaînes de télévision auxquelles il reproche la sur-représentation du couple Sarkozy-Royal. François Bayrou, qui a participé à la campagne de 2002, constate les changements intervenus en cinq ans : « tout à coup, on a des gens qui ne sont plus des gobeurs d'information mais des praticiens qui vérifient et ne laissent pas passer n'importe quoi. Le grand avantage d'Internet, c'est qu'on ne peut pas y raconter des histoires ». Le candidat pointe alors du doigt ses concurrents dans la course à l'Elyse, qui promettent « des dizaines de millions de dépense, des dizaines de millions de baisse de recette dans un pays qui est déjà l'un des plus endettés du monde ». Et de prendre à partie les internautes : « j'espère qu'ils vont s'occuper des additions et des soustractions ».